.O.
/2020
Après l'affaire Weinstein et les suites du #MeToo, "Scandale" tombe à pic en racontant les coulisses d'une chaîne d'info en continu avec ses présentateurs star qui de croient "invincibles" et qui peuvent tomber de leur piédestal en quelques secondes (parlez-en à PPDA qui avait claironné qu'il serait le seul à décider du moment où il quitterait la présentation du 20h de TF1 alors que cela faisait plus de 20 ans qu'il le présentait : son éviction est annoncée le 8 juin 2008 et confirmée le lendemain. Il présente son dernier journal télévisé de 20 heures le 10 juillet, citant William Shakespeare (« ce qu'on ne peut éviter, il faut l'embrasser »).

Revenons de l'autre coté de l'océan Atlantique : le droit de cuissage semblait être connu et quasiment accepté de toutes les présentatrices vedettes de la chaîne, refuser ou s'offusquer revenant à signer son propre suicide professionnel. Le film suit le parcours de 3 présentatrices à des stades différents de leur carrière et montre la difficulté de parler quand on a profité du système OU que l'on était au courant mais que l'on n'a rien dit depuis plus de 20 ans. Dans ce sens, il est réussi en montrant comment ce genre de système peut s'installer sur un temps aussi long.

Montrer une rédaction qui passe du soutien massif à son patron à un rejet complet pour bien aller dans le sens du vent est aussi une réussite mais l'histoire se déroule d'une façon trop linéaire pour vraiment convaincre : montrer ces 3 animatrices presque interchangeables, montrer que certaines ont joué volontairement ce jeu tandis que d'autres l'ont subit, montrer la difficulté de bousculer le système et l'espèce de folie qu'il fallait pour espérer le faire tomber... tout ceci est bien fait mais c'est filmé de manière si lisse que je me suis presque ennuyé.

Heureusement, en ne cachant pas son "modèle" pour l'histoire et en citant CNN et les politiques attachés à cette chaîne, le film réveille mais ce que j'ai trouvé de plus intéressant se trouve dans les quelques phrases qui terminent le film à l'écran : les responsables et profiteurs de ce système ont été virés, ils ont été condamnés à verser près de 50 millions de dollars aux femmes qui les ont fait condamner. Justice est rendue ? Quand on sait que le licenciement s'est fait avec une indemnité de licenciement, on peut douter que l'argent rende justice à ces femmes spoliées mais on peut encore plus douter de l'impact sur ces hommes de ce... gain de 15 millions de dollars ! Vous me direz qu'il ne l'a pas emporté au paradis puisqu'il est décédé un an plus tard (il avait 77 ans) mais quand même, cela interroge...

Bref, ce "scandale" a le parfum du scandale mais pas le goût du film renversant. L'histoire est racontée de manière trop conventionnelle et les actrices font le boulot mais on sent que le sujet est trop proche de l'actu du moment pour en faire un film qui va plus loin que l'exposé bien sage des faites. Dommage car il y avait de quoi réfléchir mais le film passera dans la case vite vu, vite oublié...
O.